Marguerite,

Vas-y : dis ce que tu penses. Le jardin
n’est pas le monde réel. Les machines
sont le monde réel. Dis honnêtement ce que n’importe quel idiot
pourrait lire sur ton visage : nous éviter,
résister à la nostalgie
a du sens. Ce n’est
pas assez moderne, le bruit que fait le vent
dans un champ de marguerites : l’esprit
ne peut briller à sa poursuite. Et l’esprit
veut briller, de façon brute, comme
les machines brillent, plutôt
qu’aller en profondeur, comme, par exemple, des racines.
C’est très émouvant,
tout de même, te voir t’approcher
prudemment de la bordure de la prairie au petit matin,
lorsque personne ne peut
te voir.

Plus tu restes au bord,
plus tu sembles angoissé. Personne ne veut entendre parler
des impressions du monde de la nature : on se
moquera encore de toi ; on t’affublera de mépris.
Quant à ce que tu entends là,
ce matin : réfléchis à deux fois
avant de confier à quiconque ce qui s’est dit dans ce pré,
et par qui.

Louise Glück prix Nobel de littérature 2020

L’Iris sauvage, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Olivier, Gallimard, coll. « Du monde entier », 160 p., 17 €

Les vers de Louise Glück nous entraînent dans un étrange quotidien à l’aide d’une parabole mettant en scène un jardin et celui (ou celle) le cultivant, poète, dieu ou un peu des deux. Grande poétesse américaine jusqu’ici très peu traduite en français, le prix Nobel de littérature qui lui a été décerné en 2020 a permis la sortie de deux recueils dans la collection « Du monde entier » (Gallimard) : Nuit de foi et de vertu et L’iris sauvage. Sa poésie transcende volontairement le genre, en brouillant souvent l’identité de celui ou celle qui parle, pour mieux toucher le cœur de l’expérience humaine, du deuil, de la vieillesse ou d’une joie savourée avec la conscience de son extrême fragilité. Stéphane Bataillon

Je vous confie ces jolies fleurs précoces photographiées hier après-midi sous le soleil d’hiver ! Le jardin dans le monde réel est peut-être cet endroit magique, là sous nos pieds enracinés, qui chaque jour nous rassure et nous berce de sa beauté. éden..Eveline56


En savoir plus sur Dans l’œil d'une flâneuse Bretonne..

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Avatar de Inconnu

Auteur : Dans l'oeil d'une flâneuse Bretonne....

L'âme de la Bretagne est en moi, j'y suis née et je vis là près de l'océan…

37 réflexions sur « Marguerite, »

  1. Coucou ma chère Éveline ❤️❤️. Comment vas-tu ? Moi, ça va bien…
    Je viens de lire ce beau poème et je dois dire qu’il m’a transportée…
    C’est vraiment magnifique ce que cette poétesse a écrit… ❤️
    Et puis tes photos florales sont si jolies… Je trouve qu’elles te ressemblent…
    On ressent que tu aimes la nature tout comme moi j’adore la contempler…
    Merci encore pour ce très beau partage ma douce Éveline ❤️❤️❤️.
    Très gros bisous à toi 🌹🌹💕💕

    Aimé par 2 personnes

  2. Merci tellement pour cette traduction magnifique et je suis jalouse des fleurs de ton jardin. Ici, en région parisienne, la nature se réveille tout juste. Les mini cyclamens apportent du violet aux bruns environnants, les camélias sont en bouton. Les tulipes pointent tout juste leur nez. y a uniquement les orangers du Mexique qui colorent en blanc ce jardin encore d’hiver 😉

    Aimé par 1 personne