Le parloir : Paule Du Bouchet

Résumé :

« C’est un homme. Elle se l’est dit ainsi, d’un bloc. Ce mot-là, « homme », dès qu’elle l’a vu. Il occupait entièrement le cadre de la porte. Un homme. Massif. Plus homme qu’une pierre est pierre.
Cette phrase comme un coup que par la suite elle recevra chaque fois, s’imposant, comme cet homme-là.
»
Isabel préfère le silence aux longs discours, quitte à paraître farouche ou même hostile. Quitte à prendre des décisions subites, que parfois elle ne s’explique pas elle-même. Ainsi, lorsqu’elle quitte son mari sur un coup de tête, avec sa fille et deux valises, elle ne sait pas vraiment où elle souhaite aller, ni ce qu’elle compte faire de cette soudaine liberté.
A Poullic, en Bretagne, elle loue une chambre chez Violette, une vieille dame qui l’aide à retrouver peu à peu le goût de vivre. Isabel commence à travailler à la bibliothèque municipale et, en parallèle, amorce une correspondance avec un homme dont elle ne sait rien, sinon qu’il purge une longue peine à la maison d’arrêt de Poissy.
De la correspondance aux rencontres, à ce parloir où ils vont se retrouver face à face, il n’y a qu’un pas. Mais celui-là est décisif. Le silence, il va falloir le briser. 

EXTRAIT

Maison centrale de Poissy
Septembre 1994

« Elle ne bouge pas. Elle le regarde, gibier de nuit pris dans les phares d’une voiture. C’est-à-dire qu’elle regarde devant elle et, dans le faisceau de ses yeux, il y a cet homme. Il porte un large pull de camionneur, bordeaux, à fermeture éclair. Dans le pull informe, ce corps. Compact, lourd. Lui, il ne dit rien, ne sourit pas. Sa bouche est fine comme une balafre.

Elle se l’est représenté de mille façons, mais pas de celle-là. Il y a bien eu une photo d’identité voici quelque temps, mais elle devait être vieille, ou il a grossi, ou il a triché, c’était un autre sur la photo.

Mais cet homme-là.

Il s’est assis de l’autre côté de la table métallique, maintenant, ils sont face à face, son cœur à elle bat si violemment qu’elle arrime son pied à celui de la table pour faire taire les mouvements de son buste. Elle a l’impression que chaque battement projette une giclée de sang devant ses yeux et, à cause de ce brouillard, elle ne voit pas le mince sourire, les yeux, plissés, noirs, très enfoncés, lorsqu’il dit :

— Alors, c’est vous.

— Oui, murmure-t-elle d’une voix qui est un souffle.

Il la regarde. Elle baisse les yeux.

— Je vous fais peur ?

Elle secoue lentement la tête, se sent pitoyable.

— Vous m’imaginiez autrement ?— Oui… Non… Ce n’est pas grave.« 

Le livre de Paule du Bouchet, « Le parloir, » est un très beau cadeau offert par mon fils. Je l’en remercie car c’est mon coup de foudre littéraire en ce début d’année ! J’ai trouvé cette histoire bouleversante. l’écriture de l’auteure est délicate, lyrique ! Je vous le conseille vivement ! Eveline56



 Coup d’œil, Clin d’œil !

« Un hommage à l’attention, à l’audace et à la solidarité des marins. » Pierre Chanteau,

Contemplez cet œil étrange, fait de verre et de céramique, qui orne parfois un rocher, parfois une jetée en bord de mer ! » Au milieu d’un fragment d’isolateur électrique qui symbolise l’iris, on trouve des billes de couleurs variées placées dans des goulots de bouteilles. La Cornée se compose de petits tessons de vaisselle en faïence. »
Il s’agit de l’œuvre de Pierre Chanteau, un artiste originaire de Carantec en Bretagne.

Le décès de Pierre Chanteau est survenu le 28 mars 2025, mais ses 113 yeux en céramique ont laissé une marque durable dans les communes côtières et les îles du Finistère. .👁️ 👁️ »

« Le premier œil de Pierre Chanteau, scellé à Locquénolé.

Le livre de Pierre Chanteau “Taol-Lagad Serr-Lagad”

Pierre Chanteau expliquait sa démarche bénévole : « Cet œil en verre et en faïence est un hommage artistique et poétique aux milliers d’hommes et de femmes qui ont porté et portent secours aux marins en difficulté. Les marins de l’antiquité peignaient de grands yeux à la proue de leurs navires, ces yeux étaient censés protéger les équipages des dangers de la navigation. Le Finistère et son littoral, à la proue de l’Europe ! 🙏

⛵👁️« Je ne voulais pas que cet œil soit exposé au grand public mais plutôt dans un endroit comme une vieille cale, un rocher, où l’objet puisse être submergé à marée haute » ⛵👁️ Pierre Chanteau 💙🧜‍♀️🐦 🌊


Les fleurs du printemps..

« Les fleurs du printemps sont les rêves de l’hiver racontés, le matin, à la table des anges », Khalil Gibran, poète libanais.

A cœur ouvert (Haïku)

Pour que ces quelques fleurs
S’épanouissent comme un cœur
Ouvre l’intérieur

Jean-Stéphane Bozzo – octobre 2020


« Journal inquiet d’Istanbul 2007-2017 » Ersin Karabulut

Résumé:

L’HISTOIRE VRAIE D’UN DESSINATEUR DE PRESSE ET DU JOURNAL SATIRIQUE LE PLUS CELEBRE DE SON PAYS, EN LUTTE CONTRE LE REGIME AUTORITAIRE TURC. Loin d’être un militant ou un intellectuel, Ersin Karabulut est avant tout un dessinateur animé par sa passion de créer. Avec ses complexes et ses doutes, il ne cherche qu’a faire ce qu’il aime : dessiner. Ses amis et lui lancent alors Uykusuz, un magazine satirique qui rencontre un succès immédiat, particulièrement auprès des jeunes. Mais dans une Turquie en pleine mutation, les réalités politiques viennent bousculer son quotidien. A travers des moments drôles, touchants, parfois douloureux, ce livre nous plonge dans le quotidien d’un créateur emporté malgré lui par les tourments de son époque, dans un pays où la société devient de plus en plus conservatrice et où les libertés reculent.

Date de publication originale : 3 janvier 2025

Ersin Karabulut

Mon avis:

  • J’ai adoré cette BD ! Le talent d’Ersin Karabulut, je le connaissais déjà avec le premier tome du « Journal Inquiet d’Istanbul »qui nous racontait le combat d’un caricaturiste pour la liberté d’expression, la propre histoire d’Ersin Karabulut. Il partageait avec nous des moments drôles, touchants mais aussi très dangereux. Impatiente de poursuivre ce dyptique sur la Turquie contemporaine, je viens de finir le deuxième tome. Toujours aussi captivant , Ersin Karabulut continue à raconter sa vie à Istanbul, la difficulté à sortir son journal satirique « Uykusus » ( insomnies)  et les défis de la poursuite de ses rêves face à la répression de plus en plus sévère.
  • C’est un coup de coeur !
  • Eveline56⭐⭐⭐⭐⭐

La distance la plus éloignée,
N’est ni celle avec l’Afrique,
La Chine ou l’Inde

Ni même celle avec les planètes
Ou les étoiles qui brillent dans la Nuit.
C’est celle entre deux cerveaux…
Qui ne se comprennent pas.

Ni même celle avec les planètes
Ou les étoiles qui brillent dans la Nuit.
C’est celle entre deux cerveaux…
Qui ne se comprennent pas.

(Citation de Can Yücel utilisée par Érsin Karabulut dans le magasine Uykusuz).

Critique de Gérard Collard

Le journal satirique

Vivre !

La danse des oiseaux 🐦💙🐦

Photos Eveline56 🪩


Sagesse…



Arrière-saison !

Arrière saison

La couleur verte
tremble
entre les mains
de l’automne
La mort maquille
les feuilles
pour leurs noces
avec le givre
Un silence très ancien
se loge
dans la lumière
qui se tait
et le Temps jette
les heures insouciantes
dans un feu sans mémoire

Kamal Zerdoumi

Le dernier recueil de Kamal Zerdoumi « Dignité des braises » est sorti le 3 novembre 2023 ! J’ai beaucoup d’admiration pour ce poète 🌟🌟🌟🌟🌟

Bon dimanche ! Que cette journée vous apporte réconfort et douceur. Eveline56


Bon voyage au Ménez Hom !

Écoutez Yann Tiersen tout en regardant les photos ! « Beaj vat ! » Bon voyage au Ménez Hom !

« Le mont Menez-Hom, qui culmine à 330 mètres d’altitude, est l’un des hauts lieux de la Bretagne, un espace naturel protégé ! C’est un merveilleux spectacle d’admirer depuis le sommet la rade de Brest, la baie de Douarnenez, la pointe de Pen-Hir et les Monts d’Arrée. C’est un véritable bonheur pour moi de me promener là-bas., entre terre et mer J’éprouve une sensation d’apaisement et de bonheur absolu. Je vous présente quelques clichés de cet endroit magnifique.

Bises de Bretagne Eveline56


Papillons..

 

Les papillons

De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu’aimez-vous mieux ? – Moi, les roses ;
– Moi, l’aspect d’un beau pré vert ;
– Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
– Moi, le rossignol qui chante ;
– Et moi, les beaux papillons !
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l’on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l’oiseau !…
Quand revient l’été superbe,
Je m’en vais au bois tout seul :
Je m’étends dans la grande herbe,
Perdu dans ce vert linceul.
Sur ma tête renversée,
Là, chacun d’eux à son tour,
Passe comme une pensée
De poésie ou d’amour !

Gérard de Nerval

« Quelques photos des derniers papillons du jardin, Ils vont me manquer « …. Eveline56

( photos Eveline56 )

Le Musée de l’Innocence.. Orhan Pamuk

Résumé: Kemal, un jeune homme d’une trentaine d’années, est promis à Sibel, issue comme lui de la bonne bourgeoisie stambouliote, quand il rencontre Füsun, une parente éloignée et plutôt pauvre. Il tombe fou amoureux de la jeune fille, et sous prétexte de lui donner des cours de mathématiques, la retrouve tous les jours dans l’appartement vide de sa mère. En même temps, il est incapable de renoncer à sa liaison avec Sibel.
C’est seulement quand Füsun disparaît, après les fiançailles entre Sibel et Kemal célébrées en grande pompe, que ce dernier comprend à quel point il l’aime. Kemal rend alors visite à sa famille et emporte une simple réglette lui ayant appartenu : ce sera la première pièce du musée qu’il consacrera à son amour disparu. Puis, il avoue tout à Sibel et rompt les fiançailles.
Quand, quelque temps après, Kemal retrouve la trace de Füsun, mariée à son ami d’enfance Feridun, son obsession pour la jeune femme montera encore d’un cran…

Orhan Pamuk est l’un des romanciers les plus éminents de Turquie et l’écrivain le plus vendu dans le pays, En 2006, il remporte le prix Nobel de littérature. Ses romans ont rencontré un succès planétaire depuis leur parution et l’on estime qu’ils se sont vendus à plus de onze millions d’exemplaires.

Mon avis :

 » J’ai beaucoup aimé ce roman qui ne ressemble à aucun autre ! Les émotions des personnages sont si bien exprimées à travers l’écriture poétique d’Orhan Pamuk, auteur turc renommé ! Il nous conte l’histoire d’amour entre Kémal et Füsun ,un récit bouleversant, obsédant, dérangeant ! La lenteur de l’histoire nous permet de plonger dans Istanbul des années 75. Nous parcourons les quartiers d’Istanbul, qu’ils soient pauvres ou riches, en partageant les repas et les moments de vie de Kemal qui se rapprochera de la famille de Füsun afin d’être près de son amour. Commencera alors la collection d’objets…….


L’auteur , Orhan Pamuk ,va s’inspirer de son livre afin de créer un véritable musée à Istanbul, « le musée de l’innocence » avec les objets de son histoire.

Musée créé par Orhan Pamuk  » le musée de l’innocence« 

Situé dans le quartier de Beyoglu, ce musée a été lauréat du prix du musée européen de l’année 2014. Sa particularité est qu’il reflète le roman portant le même nom, écrit par Orhan Pamuk en 2008 et traduit en 58 langues différentes. Situé dans une maison ancienne et composé d’une série de vitrines, correspondant chacune à l’un des 83 chapitres du roman, il mérite le détour ! 

Orhan Pamuk a créé le roman et le musée ensemble. Il a commencé à collecter des objets pour le musée au milieu des années 1990 lorsqu’il écrivait son roman d’amour basé sur l’histoire de deux familles stambouliotes, l’une faisant partie de la haute société et l’autre d’un milieu modeste. Le récit et le musée offrent un aperçu de la vie de la classe supérieure d’Istanbul des années 1970 au début des années 2000. Selon le roman, tous ces objets ont été collectés par Kemal (le protagoniste) tout au long de l’histoire pour conserver des souvenirs de l’amour de sa vie, Füsun, mariée à quelqu’un d’autre.L’auteur tient à préciser que même si la plupart des objets exposés dans le musée proviennent de sa famille, de ses amis, et le plus souvent d’objets qu’il a aimés dans sa jeunesse, le parcours du musée reflète celui du roman et non le sien propre. Il souligne ainsi souvent que le musée de l’Innocence n’est pas le musée d’Orhan Pamuk.

Malgré la conjonction entre le musée et le roman, Pamuk maintient que le musée et le roman peuvent être visités indépendamment l’un de l’autre :

« Tout comme le roman est tout à fait compréhensible sans une visite au musée, de même le musée est un lieu qui peut être visité et vécu par lui-même. »