Denez Prigent revient avec force et émotion. Il dévoile le clip de Tri ano, premier extrait de son nouvel album Toenn-vor – Chants des sept mers. Ce 13e opus est disponible en magasin depuis le 22 août.
photos eveline56
« Quelques clichés de l’océan que je prends plaisir à photographier à chaque promenade, la voix envoutante de Denez, voici mon coup de coeur pour cette semaine » 💙💙💙💙💙
La pierre et le vent s'en vont ensemble
Parler d'amourLa pierre et le vent n'oublient rien
De leur nature opposéeL'une est sédentaire
L'autre est subliméeL'un voyage sans papiers
L'autre patiente depuis des millions d'années
La pierre et le vent pour parler d'amour
S'en vont ensemble
Vous les avez croisésRozenn Evain
Cette semaine, je partage avec vous quelques photos des rochers et de l’océan qui bordent ma plage préférée. Le poème de Rozenn Evain l’accompagne car c’est un recueil que j’affectionne tout particulièrement. Belle semaine à tous !
« C’est un homme. Elle se l’est dit ainsi, d’un bloc. Ce mot-là, « homme », dès qu’elle l’a vu. Il occupait entièrement le cadre de la porte. Un homme. Massif. Plus homme qu’une pierre est pierre. Cette phrase comme un coup que par la suite elle recevra chaque fois, s’imposant, comme cet homme-là. » Isabel préfère le silence aux longs discours, quitte à paraître farouche ou même hostile. Quitte à prendre des décisions subites, que parfois elle ne s’explique pas elle-même. Ainsi, lorsqu’elle quitte son mari sur un coup de tête, avec sa fille et deux valises, elle ne sait pas vraiment où elle souhaite aller, ni ce qu’elle compte faire de cette soudaine liberté. A Poullic, en Bretagne, elle loue une chambre chez Violette, une vieille dame qui l’aide à retrouver peu à peu le goût de vivre. Isabel commence à travailler à la bibliothèque municipale et, en parallèle, amorce une correspondance avec un homme dont elle ne sait rien, sinon qu’il purge une longue peine à la maison d’arrêt de Poissy. De la correspondance aux rencontres, à ce parloir où ils vont se retrouver face à face, il n’y a qu’un pas. Mais celui-là est décisif. Le silence, il va falloir le briser.
EXTRAIT
Maison centrale de Poissy Septembre 1994
« Elle ne bouge pas. Elle le regarde, gibier de nuit pris dans les phares d’une voiture. C’est-à-dire qu’elle regarde devant elle et, dans le faisceau de ses yeux, il y a cet homme. Il porte un large pull de camionneur, bordeaux, à fermeture éclair. Dans le pull informe, ce corps. Compact, lourd. Lui, il ne dit rien, ne sourit pas. Sa bouche est fine comme une balafre.
Elle se l’est représenté de mille façons, mais pas de celle-là. Il y a bien eu une photo d’identité voici quelque temps, mais elle devait être vieille, ou il a grossi, ou il a triché, c’était un autre sur la photo.
Mais cet homme-là.
Il s’est assis de l’autre côté de la table métallique, maintenant, ils sont face à face, son cœur à elle bat si violemment qu’elle arrime son pied à celui de la table pour faire taire les mouvements de son buste. Elle a l’impression que chaque battement projette une giclée de sang devant ses yeux et, à cause de ce brouillard, elle ne voit pas le mince sourire, les yeux, plissés, noirs, très enfoncés, lorsqu’il dit :
— Alors, c’est vous.
— Oui, murmure-t-elle d’une voix qui est un souffle.
Il la regarde. Elle baisse les yeux.
— Je vous fais peur ?
Elle secoue lentement la tête, se sent pitoyable.
— Vous m’imaginiez autrement ?— Oui… Non… Ce n’est pas grave.«
Le livre de Paule du Bouchet, « Le parloir, » est un très beau cadeau offert par mon fils. Je l’en remercie car c’est mon coup de foudre littéraire en ce début d’année ! J’ai trouvé cette histoire bouleversante. l’écriture de l’auteure est délicate, lyrique ! Je vous le conseille vivement !Eveline56
J'écris pour tous les jours d'octobre Que je ne verrai pas Pour tous les mois d'octobre Qui ne me verront pas Aujourd'hui dans mes yeux lucides Tout est gris La mer est grise La grève est grise Et là Sur l'estran Le gris se décline À tous les tons À l'horizon l'océan Se mêle aux nuages Comme en une grise écharpe Tout est gris Et se mélange au gris de tes yeux Comme si j'avais mis Ton visage au milieu Du ciel Puis là-bas Une barque rouge Remonte vers Douarnenez Tes lèvres rouges Que le jour embrasse
« Artiste peintre breton, j’ai trempé dans la couleur dès mon plus jeune âge, les pieds dans le goémon et les mains libres pour traiter à grands coups de couteaux, largement chargés de matière, les bleus outremer et céruleum. » ÉRIC LE PAPE
Eric Le Pape
« J’associe cette semaine deux artistes bretons, l’un est poète et l’autre artiste peintre. Yann-Erwan Paveg et Éric Le Pape dont j’apprécie les créations accompagnent souvent mes rêveries de flâneuse bretonne ! douce semaine à vous 🤩 » Eveline56
— Soleil ! Pourquoi te lèves-tu si tard ? Et pourquoi as-tu l’œil si rouge ? As-tu fait cette nuit un cauchemar, qui t’a fait pleurer dans ton sommeil ? — Ni sommeil ni rêve ni bon ni mauvais. J’ai veillé toute la nuit… Tandis que l’occident frivole dormait sur les cendres grises de ses lauriers j’ai fait le tour de la Terre. Et j’ai vu des gens mourir de faim. J’ai vu des gens mourir de froid. J’ai vu des gens mourir de désespoir. J’ai vu des gens s’entretuer, des frères s’étrangler. J’ai vu des peuples opprimés. J’ai vu un grand dirigeant tomber sous la balle d’un dément. J’en ai vu beaucoup qui pleuraient : Et j’ai continué, indifférent… J’en ai vu cependant qui se moquaient des gens dans la peine, des gens dans la misère Des gens sous le joug. C’est alors que j’ai pleuré, C’est pourquoi mon œil est rouge.
— Soleil ! sèche tout de suite tes larmes ! La mer de Bretagne adoucira bientôt Ton œil rouge et enflammé… ANJELA DUVAL
Hommage à Anjela Duval en partageant avec vous sa poésie “Lagad an heol / L’œil du soleil” ! (1964 )
« La terre me parle, je lui réponds. J’écris pour elle, je voudrais pouvoir transmettre le message de la terre « Anjela Duval
A mon étoile disparue
Sur l’appui de la fenêtre du vieux logis Trois faux, une pierre à aiguiser Un marteau, une enclume. Par-dessus — l’un sur l’autre Deux petits sabots de bois jaune Aux brides de cuir noir. Ils avaient ramassé de la boue là-bas Dans les ruines du Chemin des Améthystes Petits sabots de bois jaune ! Petits souliers de mon étoile ! Et ses chaussons bleu nuit Sur lesquels l’araignée a tramé Son filet aérien et solaire ! — Quand le retrouvera-t-elle Mon étoile, son pied agile ? … Mon étoile est malade Mes jours sont noirs, noires mes nuits ! … Vous regardez par la fenêtre du vieux logis Petits sabots de bois jaune Notre étoile reviendra-t-elle ?
21 novembre 1970
Anjela Duval (Traduction Paol Keineg)
« Partage du cœur, de l’émotion et d’une immense admiration face à cette femme qui, pendant le jour cultivait la terre de sa petite ferme et qui, le soir, sortait ses cahiers et écrivait des poèmes d’une beauté rare sur sa terre bretonne !
La rivière s’écoule avec lenteur. Ses eaux Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes Sèment leurs feuilles d’or parmi les blonds roseaux.
Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux Ses rides d’argent clair, laisse de sombres zones Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes, Tremblent, comme agités par des milliers d’oiseaux.
Par instants se répète un cri grêle de grive, Et, lancé brusquement des herbes de la rive, Étincelle un joyau dans l’air limpide et bleu ;
Un chant aigu prolonge une note stridente ; C’est le martin-pêcheur qui fuit d’une aile ardente Dans un furtif rayon d’émeraude et de feu.
« Depuis quelques jours, de drôles de petits bonhommes à chapeaux sont apparus dans le jardin, ils se cachent parfois sous les plants, les fleurs !!!! On les nomme, je crois, marasmius oreades ou faux mousseron. Qu’importe, ils me plaisent beaucoup ces messieurs sur leurs pieds-durs, pas question de les déguster 😄…. » Eveline56
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